Hugo Bourbillères ; Mathieu Djaballah.
Paris 2024 ambitionne d’établir un nouveau modèle de grand événement sportif international (GESI) durable en s’appuyant sur l’agenda 2020+5. En plaçant les Jeux sous l’angle d’un projet de société ambitieux, les organisateurs suscitent beaucoup d’espérance sur de nombreuses dimensions (touristiques, économiques, sociales), alors que les précédentes olympiades ainsi que le grand nombre d’inconnues liées à la candidature puis à l’organisation pourrait justifier la prudence. Précisément, la littérature académique se caractérise par une approche nuancée des impacts des événements sportifs. En effet, la prégnance actuelle de la notion d’héritage ne doit pas occulter des décennies de recherche scientifique sur la complexité de chacune des dimensions censées la constituer. Nous proposons ici une revue de littérature de ces travaux qui portent sur la mesure, l’analyse ou l’évaluation des impacts économiques, sociaux, touristiques et environnementaux. Ils se caractérisent par une forme de complexité et sont grevés d’effets contre-intuitifs qui doivent être appréhendés pour saisir le potentiel rôle structurant de l’événement sur son territoire hôte. Cette contribution ambitionne de donner des clefs de compréhension aux chercheurs ou aux étudiants qui s’intéressent à ces questions de l’impact des événements sportifs car malgré les difficultés méthodologiques qui jalonnent cette thématique, les GESI restent […]
Rubrique : Synthèses
Annabelle Caprais.
Cet article s’intéresse à la gouvernance des fédérations sportives françaises. L’objectif est d’analyser les processus organisationnels qui produisent des inégalités (de genre, de classe, de race, etc.) en leur sein. À cette fin, l’étude mobilise cinq études de cas de fédération (basket-ball, cyclisme, rugby à XIII, danse et UFOLEP). La méthode s’appuie des entretiens semi-directifs avec des dirigeants et des dirigeantes (n=78) et une étude documentaire. Elle montre que derrière un fonctionnement désincarné, la gouvernance constitue un espace peu formalisé où la sociabilité joue un rôle essentiel. Au lieu d’égaliser les règles de participation à la gouvernance, le système électoral produit et légitime des discriminations indirectes. Les votes, inégalement répartis entre les candidats et les candidates, favorisent ceux issus des territoires les plus importants en termes de pratique licenciée. Le recrutement des dirigeants repose sur un système de recommandations claniques qui participe à leur reproduction sociale. Si ces résultats confortent la littérature sur la gouvernance du sport, l’étude met par ailleurs au jour de nouveaux processus participant au régime d’inégalités. Évoluer hiérarchiquement nécessite l’acquisition de dispositions corporelles et temporelles spécifiques. Enfin, si les fonctions dirigeantes sont bénévoles, elles engagent un investissement économique afin d’accès aux postes les plus […]
Rubrique : Articles de recherche